La Croisette déroule le tapis vert. Le Palm Beach Casino accueille, jusqu’à dimanche, la finale du Partouche Poker Tour (PPT), le plus grand tournoi jamais organisé en France. Depuis dix mois, 24.000 joueurs se sont affrontés aux quatre coins de l’Hexagone. A l’arrivée, 350 qualifiés disputent la victoire aux stars internationales qui ont payé un droit d’entrée de 8.500 euros, comme le Danois Gus Hansen, l’Américain Phil Ivey et bien sûr notre Patrick Bruel national. Un chèque d’un million d’euros sera remis au vainqueur par le footballeur Eric Cantona, ambassadeur de Partouche.
Le jackpot est digne du fameux World Poker Tour américain. Retransmis sur canal Plus depuis 2005, cette série de tournois planétaires a déclenché une véritable folie poker dans l’hexagone, qui compte déjà plus de 300.000 joueurs. Une martingale qui fait saliver les casinotiers.
Ce n’est qu’en 2007 que ces derniers ont eu l’autorisation d’introduire dans leurs établissements le Texas Hold’em, variante la plus en vogue du poker. "Le résultat de quatre ans de lobbying infernal auprès des pouvoirs publics", exulte Patrick Partouche, le patron du groupe, qui a bien besoin d’un nouveau relais de croissance. Pénalisées par le renforcement des contrôles d’identité, l’interdiction du tabac et la conjoncture morose, les machines à sous font grise mine. Partouche a donc décidé de parier sur le PPT, gigantesque opération de com’ destinée à doper la fréquentation de ses casinos.
Parallèlement, le groupe a embauché 320 croupiers pour animer au quotidien des poker rooms où les joueurs s’affrontent entre eux, contrairement à la roulette et autres black jack. Le casino, qui n’occupe plus le rôle du "méchant", se contente de prélever 4% des enjeux. De quoi générer plus d’1 million d’euros de chiffre d’affaires supplémentaire par mois. "Surtout, le poker permet d’attirer une nouvelle clientèle, plus jeune, âgée de 18 à 35 ans en moyenne", raconte Paul-Eric Schulmann, le monsieur poker du casino le Lyon Vert. Pour la première fois depuis 20 ans, l’activité jeux de table est ainsi repartie en hausse… de 40%!
Partouche, qui organise aussi le très show-biz "Tournoi des As", retransmis sur Paris Première, a un coup d’avance sur son rival Lucien Barrière, même si ce dernier multiplie les tables et tente de vendre des "week-end poker". Barrière, encore un peu hésitant, prévoit d’ailleurs de rapprocher sa formule de tournoi de celle du PPT, avec une finale à Enghien-les-Bains fin 2009. Mais l’activité poker est encore loin d’être rentable pour les casinotiers. L’objectif est surtout d’imposer sa marque avant fin 2009 et la libéralisation du marché français des jeux en ligne. Une activité à forte marge qui représente l’avenir de la profession. Partouche a d’ores et déjà acheté le logiciel et conçu le design de son site de poker. Il n’attend plus que le signal de l’Etat pour rafler la mise.
(source : challenges.fr/par David Bensoussan)