Soucieux de leur image de marque, les professionnels commencent à s'intéresser aux joueurs incapables de se limiter.
Il y a quelques jours, le téléphone sonne sur le bureau de Eric Bouhanna à Paris. A l'autre bout du fil, c'est un joueur désespéré qui a appelé le numéro vert d'Adictel. Dans la nuit, l'homme s'est laissé une fois de plus emporter pas sa passion du jeu dans un casino de province. Pour se refaire, il a fait un chèque de 700 euros sans provision. Vu sa situation, il va faire l'objet d'une interdiction bancaire si le chèque est mis à l'encaissement. L'équipe d'Acdictel prend contact avec le casino et finit par trouver un arrangement. En outre, on a donné au joueur les coordonnées de psychologues concernés et spécialisés dans les problèmes d'addiction au jeu.
Adictel travaille avec les établissements du groupe Partouche et le syndicat des casinos modernes de France. Elle n'est pas la seule structure spécialisée dans ce domaine. A Lyon, Pierre Perret s'est entouré de spécialistes pour mettre au point une méthode globale visant à aider les joueurs en difficulté. Cela passe notamment par la sensibilisation des professionnels des casinos avec lesquels des contrats sont conclus. Il s'agit dans tous les cas de répondre à la volonté des pouvoirs publics qui souhaitent que les casinos réparent les dégâts qu'ils peuvent causer. C'est d'ailleurs bien dans cet esprit que travaille Agnès Jacques au Pharaon. Licenciée en psychologie, elle a suivi un stage organisé par Adictel et peut conseiller les joueurs éprouvant des problèmes de dépendance.
«Ce n'est heureusement pas fréquent», explique celle qui n'a été sollicitée que deux fois : «A chaque fois, j'incite le client soit à se faire interdire dans notre établissement, soit dans l'ensemble des établissements français. Dans tous les cas, je leur propose de leur payer une première consultation chez un thérapeute dont nous leur proposons une liste». Tous les directeurs de casinos vous le diront : il est toujours difficile d'aider un joueur. Guy Benhamou raconte ainsi cette anecdote qui remonte à l'époque où il dirigeait un établissement à Royat : «J'avais un client qui vivait toute la semaine dans la montagne et descendait jouer le week-end. Un jour, il gagne une grosse somme. J'avais de l'amitié pour lui et je lui conseille d'arrêter. Le client m'a aussitôt rétorqué : c'est parce que vous avez peur que je vous prenne encore plus d'argent. La dessus, il a continué, et il a naturellement tout perdu au point qu'il m'a même emprunté 100 francs pour rentrer chez lui».
(source : leprogres.fr/G. A.)