L’escroquerie remonte à l’été 2023. Quatre personnes utilisaient des cartes cadeaux obtenues frauduleusement pour blanchir de l’argent auprès des casinos Barrière de la région, à Cannes et Nice notamment.
La délinquance astucieuse se niche parfois là où on ne l’attend pas. Dans l’univers feutré et ultrasécurisé des salles de jeux d’argent par exemple.
Durant l’été 2023, Apolline, Omar, Maeva et Bruno ont écumé les casinos de la région.
Leur arnaque était aussi simple que risquée. Les bons d’une valeur faciale de 100 euros, acquis frauduleusement via Telegram, étaient échangés contre des jetons à l’accueil.
Après quelques parties de machines à sous, les éventuels gains pouvaient être convertis en euros sonnants et trébuchants.
Un préjudice de 59 200 euros
Pour ne pas éveiller les soupçons, Omar et Bruno envoyaient Apolline et Maeva en première ligne au contact du personnel des casinos.
« Des têtes de Françaises, ça passe mieux qu’une tête d’arabe, explique Apolline à la barre du tribunal correctionnel de draguignan où le quatuor comparaît deux ans après les faits. Si Omar y était allé, ils se seraient doutés de quelque chose. »
En quelques semaines, 592 bons — pour un préjudice de 59 200 euros — ont ainsi été échangés entre les casinos de Sainte-Maxime, Cannes, Cassis ou Nice.
Les salles de jeux du nord de la France, d’où sont originaires les quatre comparses, ont également été visitées.
« Cinquante-deux chèques le 23 juillet, 47 le 24, à nouveau 57 le 26, énumère la présidente Julie Gadiollet. Les casinos ont fini par être alertés par l’importance des remises de bons par les mêmes personnes en si peu de temps. »
L’enquête démontrera qu’ils ont été acquis sur Internet via de fausses identités et avec des numéros de cartes de crédit volées.
« J’ai vu que ça marchait et j’ai profité du système, admet Omar. Je pensais que c’était des chèques d’entreprises, et qu’il n’y avait aucun risque. Mais quand je vois où ça m’a mené... Je regrette. On a fait ça par appât du gain. »
Deux ans d’emprisonnement ferme
Selon lui, « Monsieur Bruno » est à l’initiative de la « combine ».
Sa compagne Apolline tenait d’ailleurs une feuille de comptes avec le nombre de chèques encaissés, les kilomètres effectués, les nuits d’hôtels et les gains obtenus après quelques parties de black-jack ou de roulette.
Ainsi que les sommes à remettre à Bruno. Eux affirment n’avoir gardé qu’un infime pourcentage du produit de l’escroquerie.
« Il y a dans cette équipe un minimum de structuration, avec Bruno à la gestion du réseau, Omar en bras droit et Apolline et Maeva conscientes de participer à une opération de blanchiment, détaille la procureure Débora Collombier. C’est bien une bande organisée. »
Une thèse à laquelle n’adhère pas Bruno. Malgré un passé, y compris récent, d’escroc qui ne plaide pas en sa faveur.
Ayant échappé à la première vague d’interpellation, il a été arrêté dans le cadre d’une autre procédure en janvier 2025 dans un casino de Chambéry avec 200 000 euros en petites coupures et condamné à trois ans d’emprisonnement.
Le tribunal de draguignan y ajoute deux années supplémentaires et 5 000 euros d’amende. Même peine, même amende, pour Omar.
Leurs deux complices écopent, elles, de huit mois avec sursis. Tous les quatre ont désormais interdiction de paraître dans un établissement de jeux d’argent durant cinq ans.
(source : nicematin.com/Vincent Wattecamps)