PARIS (AFP - 15:06) - Le patronat des casinos-jeux retrouve mercredi les syndicats pour une "réunion de la dernière chance", dans l'espoir de conjurer le risque, sans précédent, d'une grève le 31 décembre pour réclamer des hausses de salaires et la reconnaissance d'un travail pénible.
Unis pour la première fois, les syndicats CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC ont menacé fin novembre d'appeler à un arrêt de travail le 31 décembre, la Saint-Sylvestre était l'un des jours de l'année où les 186 casinos de France réalisent leur plus gros chiffre d'affaires.
L'appel à la grève court du 31 décembre à 10h00 au 1er janvier à 10h00, mais il "pourrait être reconductible", a précisé à l'AFP David Rousset, de FO. Selon lui, les salariés du casino de Niederbronn-Les-Bains, en Alsace, ont même l'intention de se mettre en grève le 24 décembre, puis le 31.
Les quelque 17.000 salariés concernés par cet appel - croupiers, salariés en charge des machines à sous, mais aussi employés administratifs et serveurs - sont "très motivés car le ras-le-bol est général", a prévenu Pierre Fuochi, de la CGT. "La situation est tendue", a renchéri Enrique Cuervas, de la CFDT-Services, sur Europe 1.
Les syndicats revendiquent des augmentations de salaires de 4% pour 2005, alors que, selon FO, "90% des salariés sont au Smic, sur le papier, et souvent en-dessous dans les faits". Ils demandent également une compensation du travail de nuit et de la pénibilité du métier (tabagisme passif, bruit, stress...), ainsi qu'un régime de prévoyance.
Les syndicats font valoir que les salaires se sont effondrés avec l'autorisation des machines à sous, en 1988, qui a entraîné une désaffection des jeux traditionnels de table (black jack, roulette) tenus par les croupiers, jusqu'à cette date principalement rémunérés au pourboire.
"De nombreux croupiers gagnaient très bien leur vie. Maintenant la plupart sont au Smic, la part des pourboires ayant beaucoup baissé. Quant aux salariés des machines à sous, la majorité, ils n'ont pratiquement pas de pourboires", explique M. Rousset. Selon lui, "les employeurs n'ont pas redistribué aux salariés la nouvelle manne financière que représentait les machines à sous".
Lors de la dernière négociation, le 16 décembre, le patronat a proposé 3% de hausse, fixant une base de rémunération à 1.200 euros bruts, jugée insuffisante par les syndicats. "Ces propositions sont loin d'être ridicules, vu que la profession connaît une stagnation, voire une régression pour certains casinos", a souligné un représentant du patronat. La part de ce que prélève l'Etat sur les produits bruts des jeux est de "56%, soit 8 points de plus qu'il y a huit ans", affirme-t-il.
Mais pour FO, "si la part de l'Etat a augmenté c'est parce que le chiffre d'affaires est en hausse: ce secteur ne connaît pas la crise, la France est le pays au monde où il y a le plus de casinos par habitant".
Outre les salaires, il reste à négocier sur la prévoyance, la pénibilité et le travail de nuit, un "point déterminant", selon la CFDT. Les syndicats demandent six jours de repos compensateurs.
S'agissant de la revendication d'un régime de prévoyance généralisé, la CGT fait valoir que si les salariés bénéficient d'une couverture sociale dans les grands groupes, ce n'est pas le cas dans la cinquantaine de casinos indépendants ou les petits groupes.
Deux grands groupes détiennent les deux tiers du marché des casinos français: Accor-Barrière, qui vient de se constituer à la faveur d'un accord conclu vendredi entre les deux entités, et Partouche.
(source : lexpress.fr/AFP)