«SI L'ON MET un panneau Employés sous-payés et maltraités à l'entrée de la grande soirée qui coûte 200 000 € à la société... Ça fera mal ! » Dominique Tanguy, représentant CFDT des salariés du casino d'Enghien s'y voit déjà mardi prochain, jour où les nouveaux thermes seront dignement fêtés. Un millier d'invités sont attendus, dont l'ancien champion de judo, David Douillet, et probablement un ministre.
Hier après-midi, les quatre syndicats (CGT, FO, CFDT et CFE-CGC) ont tenu une assemblée générale à laquelle ont assisté 140 personnes. Les porte-parole des salariés haranguent littéralement les participants : « Mettez-vous debout ! C'est la seule façon de faire plier la direction. » La majorité des présents a voté en faveur de la grève le 10 octobre, date de l'inauguration des thermes. « Il faut montrer au patron qu'il doit arrêter son comportement suicidaire à l'égard de ses salariés... Tout ça pour le fric ! » s'exclame un représentant syndical. Tous mettent en parallèle les difficultés qu'ils ressentent aujourd'hui avec le rapprochement entre la famille Barrière et le groupe hôtelier Accor.
La Seete, la société qui gère à Enghien l'établissement des jeux, les thermes et les hôtels, compte 758 salariés dont 550 affectés au casino. Ils étaient au total 800 quatre ans plus tôt, selon les syndicats. « On se retrouve dans une logique de restriction du personnel alors que l'activité augmente... C'est inadmissible », entend-t-on dans la salle. « Pas de rupture de dialogue » « Nous sommes dans la m... Nous nous posons beaucoup de questions et nous n'avons pas de réponses. Qu'allons-nous devenir ? » demande une femme à propos de la restructuration qui frappe les postes de physionomistes. Une autre voix cite l'exemple d'un homme qui remplit cette mission depuis trente-trois ans et qui va se retrouver brutalement au secrétariat. Les échanges sont sans concession, laissant apparaître un véritable malaise. Pierre-Alain Durat, représentant CFE-CGC, rapporte que des membres du comité de direction sont obligés de débarrasser des tables, faute de serveur, et même de « faire la plonge ». Il évoque également le poids des seaux d'argent de 20 à 50 kg que doivent parfois porter des personnes dont ce n'est pas la fonction... Face au ras-le-bol manifeste, les responsables du casino tentent de relativiser. « J'ai eu une série d'entretiens constructifs et sereins avec les syndicats. Je ne suis pas en rupture de dialogue, assure Patrick Sionneau, le directeur du casino. Les effectifs de la société ont globalement augmenté, mais il est évident qu'on ne va pas embaucher aux jeux de table alors que cette activité est en baisse de 15 % depuis quatre ans. De la même façon, le nombre de voitures que nous garons a diminué de 20 %. La conséquence est que nous ne recrutons plus de voituriers », cite-t-il en exemple. Patrick Sionneau, qui reconnaît les ajustements en cours, est en revanche agacé par certaines critiques. « Je ne peux pas laisser dire que des cadres se retrouvent à faire la plonge, rétorque-t-il. Il faut arrêter de raconter n'importe quoi. »
Les modalités de l'arrêt de travail n'étaient hier soir pas décidées. La surprise restera dans l'ampleur de la mobilisation. Les syndicats estiment que la menace d'un conflit le jour de l'inauguration est un « moyen de pression important ». Mais combien seront effectivement en grève mardi ?
CASINO D'ENGHIEN. Le personnel déplore la baisse des effectifs. Le directeur, lui, estime inutile de mettre plus du monde aux tables de jeux où la fréquentation a baissé de 15 %.
(source : leparisien.com/Claire Guédon)