Les casinos de la Côte d'Azur ont le cafard. La fréquentation est en baisse, les chiffres d'affaires suivent et les perspectives à moyen terme restent moroses. Tout en ruminant leurs déceptions les casinotiers jettent un oeil jaloux sur leurs voisins monégasques. Car sur le Rocher, la Société des Bains de mer affiche un chiffre d'affaires record dans ses cinq établissements de jeux : une hausse de 16 % sur le dernier exercice.
A quelques kilomètres, le groupe Barrière (4 casinos dans les A.-M.) voit, lui, son produit brut des jeux (PBJ) baisser de 13,1 % dans ses deux établissements cannois, de 8 % à Menton ou encore de 3,8 % sur les six premiers mois de 2008 au casino Ruhl de Nice. Le groupe Partouche (5 casinos dans les A.-M.) a baissé de 4 % à Nice entre novembre et avril, et même de 15 % à Beaulieu sur le seul mois de juin 2008.
Le groupe Tranchant enfin, accuse une baisse de 18 % sur son Casino de Cagnes-sur-Mer, depuis janvier dernier. De quoi inquiéter Georges Tranchant, président du groupe qui construit actuellement un nouveau casino à Cagnes. « Nous nous interrogeons. Si la situation n'évolue pas, nous ne poursuivrons pas ce projet »
Loi anti-tabac et contrôle d'identité
Pourquoi donc, un tel décalage entre l'euphorie de Monaco et la déprime de la Côte d'Azur ? « En France, depuis octobre 2007, il faut justifier de son identité pour entrer dans un casino. Or, l'accès libre est fondamental pour beaucoup de joueurs. Ceux-là, font 50 km et ils entrent librement dans un casino de Monaco. Et puis, il y a l'interdiction de fumer qui nous a fait perdre 8 à 10 % de fréquentation depuis janvier », fulmine Patrick Partouche. Mêmes explications au groupe Barrière qui fustige également une concurrence exacerbée : « Entre Mandelieu et Menton, il y a trop de casinos. De plus, la baisse du pouvoir d'achat freine les consommateurs », explique Pascal Brun, directeur général des casinos Barrière de Cannes.
Vrai pour les machines à sous, l'argument ne tient pas pour les jeux de table qui progressent malgré tout dans tous les casinos. Mais là encore, c'est Monaco qui rafle les plus gros joueurs, Russes et Arabes, attirés par le prestige de la Principauté. Difficile donc, pour les Azuréens de s'aligner.
« Nous ne luttons pas avec les mêmes armes »
Les prélèvements fiscaux seraient aussi un frein au développement des casinos français : « En France, les taxes, sont au triple de Monaco ! J'aimerais mieux mettre par exemple 20 % de mon PBJ dans des démarches marketing, plutôt que de les donner au fisc », s'agace Patrick Partouche.
Les prélèvements fiscaux en France se montent à 61 % du PBJ dont 15 % versés aux communes. A Monaco, les prélèvements plafonnent en tout et pour tout à 13 % du PBJ. « Nous ne luttons pas avec les mêmes armes », conclut Patrick Partouche.
Et pourtant, les casinos hexagonaux n'ont pas de raison de baisser les bras. L'activité baisse certes, mais elle reste rentable avec une marge nette estimée avant impôts à 35 % en 2007. De quoi voir venir et sauter dans le train des jeux en ligne et des paris sportifs dont la libéralisation est annoncée pour 2009. Tout comme l'interdiction de fumer dans les casinos monégasques.
(source : nice.maville.com/Pierre Valet)