À la fin novembre, quatorze élèves de 19 à 30 ans ont intégré l'école des jeux du casino Barrière. Devant eux, dix semaines de formation pour devenir les futurs croupiers du nouvel établissement.
Ils n'ont pas un regard pour l'agitation des joueurs qui s'activent sur les bandits manchots ni pour le jackpot cumulatif qui affiche plus de deux millions d'euros. Concentrés à l'extrême sur leurs exercices, les apprentis croupiers vivent dans une bulle, sous l'œil incisif d'Isabelle Montélimar, chef de partie et formatrice.
Il n'y a pas une minute à perdre. Le casino Barrière a relancé fin novembre la deuxième promotion d'élèves de son école des jeux. Deux ans après la première fournée qui comptait déjà quatorze étudiants. Même nombre, même exigence. Une soixantaine de candidats avaient été sélectionnés par la mission locale de Lille. Le groupe Barrière les a triés sur le volet, grâce à des tests d'aptitude éprouvés : « Adresse, précision, construction, mémoire, calcul », énumère Delphine Goutierre, responsable des ressources humaines. Quatorze postulants, âgés de 19 à 30 ans, sont sortis vivants. Ils doivent désormais faire leurs preuves durant les dix semaines que compte la formation. « Ils vont y apprendre la manipulation, les bases des jeux, les procédures de paiement, l'accueil et la réglementation. Un chapitre sera également consacré à l'addiction », explique Isabelle Montélimar. La professeur jauge les premiers pas de ses ouailles : « Ils n'ont pas encore la souplesse, la précision et la propreté. Il faut surveiller qu'ils aient les bons gestes, des deux mains, et qu'ils se tiennent droit. » « Je ne pensais pas que ce serait si dur, sourit Usha, Lilloise de 23 ans. On a peu de temps pour tout assimiler.
» Notamment les tables de multiplication, qui servent à payer les mises. Usha en a fait l'expérience : « Je faisais une manipulation quand la formatrice m'a demandé combien faisait 17 fois 18. J'ai répondu au hasard. » Raté ! Elle a dû recopier dix fois ses tables.
Mais plus que les multiplications, ce sont les gestes qui occupent les pensées des élèves, ce vendredi. Inlassablement, ils « chippent » (trient) les jetons, comme un pianiste alignerait les gammes. « Ma main ne veut pas se mettre comme il faut », soupire Geoffrey, jeune Parisien de 20 ans. À quelques pas, Quentin, 19 ans, distribue avec application les cartes au black-jack. « Ça paraît évident, je vous assure que ça ne l'est pas. Mais la vraie galère, c'est la roulette. À force de manipuler les jetons, au début, j'en attrapais des crampes aux doigts ! » À l'ouverture du casino, prévue en janvier, et s'ils achèvent leur formation, les élèves intégreront une équipe de quarante croupiers.
(source : lavoixdunord.fr/JULIEN LÉCUYER)