Une partie de poker-menteur se déroule entre les groupes de casinos à l’approche de l’ouverture du secteur des jeux à la concurrence. Le groupe Barrière vient de prendre une longueur d’avance en s’alliant à la Française des Jeux.
Prévue pour le 1er janvier 2010, l’ouverture du secteur des jeux à la concurrence, exigée par la commission de Bruxelles, n’est toujours pas effective en France. Elle a d’abord été reportée au premier trimestre 2010, et n’est plus espérée, désormais, avant l’ouverture de la Coupe du Monde de football en Afrique du Sud, au mois de juin.
Aucune date n’a été définitivement fixée, ce qui n’empêche pas les opérateurs de se préparer activement à une échéance inéluctable.
Les casinos sont en première ligne. Ce sont eux qui possèdent le savoir-faire dans les jeux de carte, qui sont les plus attrayants sur internet. Avant même l’ouverture du marché, 750 000 Français jouent déjà au poker en ligne. Pokerstars, Fulltiltpoker, Chilipoker organisent des tournois depuis très longtemps, et certains sont sur la Toile depuis dix ans.
La prudence de Partouche, le coup de poker de Barrière
Cependant, le jackpot pour les nouveaux entrants sur ce marché n’est pas garanti. On ignore notamment si les mesures prévues par le projet de loi pour empêcher les joueurs de se rendre sur des sites illégaux basés à l’étranger seront efficaces.
Le groupe Partouche, l’un des cinq « grands » des casinos en France, se montre prudent : « Au fond, le projet de loi n’accorde rien aux casinos », expliquait fin décembre Patrick Partouche dans un entretien aux Echos : « Le poker est attribué à tout le monde, alors qu’en Belgique, seuls les exploitants de casinos pourront proposer des jeux de casinos en ligne, selon la nouvelle législation belge. À ce stade, je préfère être opérateur en Belgique et pas en France. Mais, si l’État taxe les jeux à 60 %, je suis preneur ! »
Alliance entre la FDJ et le groupe de casinos Barrière
Dans cette partie de poker-menteur, le groupe de casinos Barrière a peut-être pris une longueur d’avance sur ses concurrents. Selon Le Figaro, il vient de s’allier à la Française des Jeux pour lancer un site de poker en ligne. « Le principe de cette alliance a été validé jeudi lors d’un conseil d’administration » de la FDJ, écrit Le Figaro. « Il prévoit la création d’une entreprise commune, qui sera candidate à une demande d’agrément auprès de l’Arjel, l’Autorité de régulation des jeux en ligne. »
Pour la Française des Jeux, l’enjeu est de taille. Après l’ouverture à la concurrence, elle conservera son monopole sur les jeux de loterie et de grattage en ligne, mais elle aura de nouveaux concurrents dans les paris sportifs.
« Nous faisons le pari de la fidélité », explique Christophe Blanchard-Dignac, PDG de La Française des jeux. « En période de crise, il y a un retour aux valeurs sûres et de proximité. Nous l’avons nettement ressenti à partir du deuxième semestre 2009. »
M. Blanchard-Dignac vise à terme 25 % de part de marché sur les paris sportifs en ligne après l’ouverture du marché. « Il y a encore du chemin à faire », reconnaît-il, en confirmant que la FDJ continuerait à s’ouvrir à des partenariats (téléphonie mobile, fédérations sportives, médias).
Il y a un mois, des informations de presse ont fait état de pourparlers en cours pour le rachat, par la FDJ, de Camelot, exploitant de la loterie britannique (National Lottery). La FDJ n’a fait aucun commentaire sur cette rumeur.
(source : lepays.fr/P.F.)