En 2005, deux hommes et une femme avaient été arrêtés pour avoir triché au stud-poker dans deux casinos. Deux ont été condamnés hier à plus d'un an de prison et de fortes amendes
Autrefois dans l'Ouest américain, c'était le goudron et les plumes ou parfois pire ! La justice française du XXIe siècle est heureusement moins expéditive vis-à-vis des tricheurs au jeu. Et la technique des trois prévenus était bien plus élaborée qu'une paire d'as dissimulée dans la manche ou qu'un jeu de cartes biseautées.
Elle ne date pas d'hier, mais elle est plutôt difficile à mettre en œuvre en raison de la méfiance des casinos.
Mais le trio prenait bien soin d'effectuer des repérages et d'attendre son heure, jusqu'à l'arrivée d'un croupier moins expérimenté, un « bleuet ». Les deux hommes et la femme, prenaient alors place à la table de stud-poker, et dès qu'ils en avaient l'occasion ils « marquaient » discrètement les cartes, en général en les entaillant légèrement avec l'ongle. Un repère quasi indétectable pour un croupier novice et qui permettait aux tricheurs de « lire » le jeu des adversaires ou d'anticiper sur les donnes. Il suffisait ensuite de miser gros pour empocher le pactole. Un stratagème très lucratif puisqu'ils auraient ainsi empoché jusqu'à 15 000 euros par soirée !
C'est au casino d'Annemasse (Haute-Savoie) que leur petit manège est repéré grâce à la vidéosurveillance. Le trio vient d'écumer les tables de poker dans la nuit du 7 au 8 novembre 2005. Aussitôt, le casino savoyard envoie un signalement à ses voisins, et celui de Divonne-les-Bains consulte à son tour ses bandes de surveillance. Et justement le trio était présent la nuit précédente dans l'établissement de jeux du pays de Gex. Les deux hommes reviendront d'ailleurs le 26 mars 2006 où cette fois ils sont repérés et leur tentative échoue.
Interpellés par les gendarmes, ces deux hommes de nationalité turque, âgés d'une quarantaine d'années, se renvoient alors la balle sur leur implication. « C'est pas moi c'est l'autre » qui tire les ficelles assure chacun d'eux en se définissant comme un simple complice rémunéré 3 000 euros par jour. Quant à leur comparse, une femme âgée de 35 ans à l'époque, elle file comme une anguille entre les mains des policiers, malgré un contrôle opéré à l'aéroport de Nice. Et pourtant, elle était déjà très connue dans les casinos britanniques pour être une tricheuse d'une grande habileté.
Les deux hommes passeront trois et quatre mois en détention provisoire avant de s'évanouir dans la nature, probablement en Allemagne et en Bulgarie. Leur comparse fait toujours l'objet d'un mandat d'arrêt depuis fin 2007.
En leur absence, ils ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse. Fatma Selcuk a écopé de douze mois de prison avec sursis et 5 000 euros d'amende. Les deux hommes, Ali Murtaza Arslan et Dimitri alias Yorgo Toksoz, à seize et quinze mois dont douze avec sursis, et 2 910 euros d'amende.
(source : leprogres.fr/F.B.)