PARIS — C'est l'équivalent de 2,3 tonnes d'or ou de 120 Rolls-Royce Phantom 7 : en 2010, année de la libéralisation des jeux en ligne, les Français ont misé chaque jour la somme record de 72,16 millions d'euros au loto, au casino, aux courses de chevaux ou derrière leur écran d'ordinateur.
Selon une enquête de l'AFP, les dépenses quotidiennes des Français au jeu sont passées en huit ans de 47,5 à 72,16 millions d'euros.
Le montant total des mises des Français s'est élevé à 26,3 milliards d'euros en 2010, selon les chiffres communiqués par les trois opérateurs historiques (Française des Jeux, PMU, casinos) et l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel). Un chiffre six fois supérieur à celui du marché du livre, en augmentation de près de 22% par rapport à 2009 (21,6 milliards).
La Française des Jeux et le PMU, qui étaient en position de monopole sur les jeux jusqu'au 8 juin, n'ont pas souffert de la concurrence des nouveaux entrants, enregistrant même une augmentation de leur chiffre d'affaires : 10,551 milliards d'euros pour la FDJ (+5,5%) et 9,540 milliards pour le PMU (+2,6%).
En revanche, les 197 casinos français ont continué à souffrir, enregistrant une nouvelle baisse de leur produit brut des jeux (PBJ, différence entre les gains et les pertes des joueurs) de 2,1% à 2,29 milliards d'euros.
Quant aux nouveaux opérateurs de jeux en ligne, ils font plutôt grise mine malgré un chiffre d'affaires global de 5,1 milliards d'euros. Attirés par un marché que d'aucuns présentaient comme un Eldorado, ils ont massivement investi dans les dépenses de publicité. Selon une étude publiée jeudi par l'institut spécialisé Kantar Media, 22 des 35 opérateurs agrées ont dépensé 194,4 millions d?euros en publicité entre le 8 juin et le 31 décembre 2010.
Du coup, à la lecture de leurs comptes d'exploitation, certains opérateurs déchantent. Nicolas Béraud, président de BetClic Everest Group (paris sportifs et poker en ligne), assure que son groupe "perd de l'argent". Le PDG de TF1 Nonce Paolini annonce examiner une offre de rachat de sa filiale de paris sportifs et hippiques Eurosportbet dont les résultats sont "insatisfaisants".
Selon une étude publiée jeudi par Francis Merlin, spécialiste du secteur, le bilan 2010 est inférieur de 19% aux prévisions. La fiscalité, l'interdiction des loteries en ligne, toujours sous monopole de la FDJ, le taux de retour aux joueurs (part des sommes misées redistribuées sous forme de gains, ndlr) plus faible que dans certains pays - et donc moins attractif pour les parieurs -, expliquent selon lui, ces mauvais résultats.
Mais aux inquiétudes économiques des opérateurs, les spécialistes du jeu opposent les risques d'addiction.
Il faudra attendre encore quelques mois pour connaître les résultats de la première étude sur le jeu pathologique en France. Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), le volet sur le jeu pathologique intégré dans le bilan santé de l'Institut national de la prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) sera publié à la fin du premier semestre.
Quant au Comité consultatif des jeux (CCJ), chargé de superviser l'ensemble des jeux d'argent et de hasard en France et prévu par la loi du 27 mai 2010 sur les jeux en ligne, il n'est toujours pas crée.
Matignon a obtenu il y a un mois du Conseil constitutionnel de ne pas avoir la tutelle sur le CCJ, un refus "inadmissible" selon le sénateur UMP François Trucy, auteur de deux rapports sur les jeux d'argent et de hasard.
Sur Internet :
* Pour accéder à l'étude: http://www.igaming-monaco.com/
(source : google.com/AFP)