DECRYPTAGE Selon l'autorité des jeux en ligne, le loto et les casinos ont suscité un engouement sans précédent en 2011 en France. Mais les paris sportifs en ligne échappent à cette frénésie.
Les chiffres révélés hier par l’autorité des jeux en ligne (Arjel) sont sans appel. Si les français dépensent de plus en plus d’argent dans les jeux, ils boudent les paris sportifs en ligne et ce malgré l’ouverture de ce marché à la concurrence en juin 2010. Chaque jour en 2011, les français ont déboursé la somme record de 86,5 millions d’euros dans les divers jeux d'argent légalement à leur disposition (loto, casino, paris en ligne....)
En dix ans ce montant a doublé. En revanche, le succès annoncé des paris en ligne n’est pas au rendez-vous. La bulle s’est vite dégonflée. Au quatrième trimestre 2011, le volume des paris en ligne s’est effondré de plus 20%. Le poker et les paris hippiques sont les seuls segments sur internet qui continuent à croître.
Un manque évident de pédagogie
Trois raisons expliquent le peu d’engouement des français pour le pari en ligne. C’est d’abord une raison culturelle. "Il n’y avait pas en France de culture réelle du pari sportif contrairement à la Grande-Bretagne et l’Italie", explique Jean-François Vilotte, président de l’Arjel. Surtout, les opérateurs de paris en ligne ont trop longtemps négligé leur offre.
"Le pari sportif nécessite un éclairage, un accompagnement par du contenu, par de l’information", rappelle Jean-François Vilotte. Les partenariats passés entre les opérateurs de paris et des médias sportifs n’ont pas été assez exploité. Si bien qu’au lieu de faire vivre leur offre avec de l’information en ligne réactualisée en permanence, bien des opérateurs se sont juste contentés d’organiser les paris.
Le pari sportif en direct ne séduit pas du tout
"Ils ont préféré consacré leur investissement au marketing et à la pub" poursuit le président de l’Arjel. De même, alors que la loi l’autorisait, rares sont les opérateurs à avoir développé le "live betting" : le pari en direct d’un événement sportif. Cette discipline ne représentait en 2011 qu’à peine 50% du total des mises contre plus de 85% en Grande-Bretagne.
Or le live betting est sans nul doute un des outils essentiels d’animation d’un site de pari et un vecteur important de trafic. Enfin et surtout, le modèle économique et fiscal n’est pas adapté aux paris en ligne. Les opérateurs l’avaient signalé dès juin 2010 au gouvernement et au législateur.
Risque de transfert vers les sites illégaux
Les chiffres leur donnent aujourd’hui raison. Le taux de retour aux joueurs est aujourd’hui d’à peine 82% soit un niveau nettement plus bas que celui pratiqué en Italie. La raison ? Le niveau de taxation. Même l’Arjel dans son dernier rapport recommande « un changement d’assiette et de taux de fiscalité ». L’autorité de régulation craint qu’en effet le manque d’attractivité des sites de jeux en ligne favorise un transfert des joueurs vers les sites illégaux ce que la loi cherchait à éviter.
Conséquence : à ce jour aucun opérateur de jeux en ligne n’est rentable. Certains ont même du fermer la boutique comme EurosportBet (groupe TF1). Le futur gouvernement devra rapidement se prononcer sur une évolution de la fiscalité au risque de voir resurgir une activité parallèle illégale.
(source : challenges.fr/Thiébault Dromard)