La Française des jeux et le PMU ont résisté à la concurrence. Les paris sportifs en ligne ne se sont pas imposés.
Un peu plus d'un an et demi a passé depuis l'ouverture du marché des jeux en ligne en France. À l'époque, une cinquantaine de sociétés avaient obtenu un agrément pour se lancer dans les paris sportifs, les paris hippiques ou le poker sur le Web. Et pas mal d'experts avaient de sérieux doutes sur la capacité des opérateurs historiques (PMU et Française des jeux) en situation de monopole à résister à ces nouveaux entrants. Ils étaient tout aussi dubitatifs sur les perspectives des casinos affaiblis par l'empilement des contraintes (l'interdiction de fumer, l'obligation de présenter une pièce d'identité…).
Les faits leur ont donné tort. Tous les groupes présents dans ce secteur depuis longtemps ont bien tiré leur épingle du jeu l'année dernière. Avec ses 35000 points de vente physiques, La Française des jeux a enregistré une hausse de 8,5% de ses mises et donc de son chiffre d'affaires. Les ventes du PMU (11200 distributeurs) ont dépassé pour la première fois la barre des 10 milliards d'euros. Quant aux casinos, après trois années de recul continu (- 20% en cumulé), leur produit brut des jeux (PBJ), soit les sommes perdues par les joueurs, a progressé de 0,95%.
Succès du poker en ligne
A contrario, le bilan des opérateurs en ligne est beaucoup plus contrasté. Sept d'entre eux ont déjà jeté l'éponge. C'est que la niche des paris sportifs s'est révélée très décevante. «Au quatrième trimestre 2011, les mises ont reculé de 23 % par rapport au dernier trimestre 2010, souligne Jean-François Vilotte, président de l'Arjel (Autorité de régulation des jeux en ligne). En fait, il n'y a pas de culture des paris sportifs en France. En plus, ici, les groupes ne diffusent pas ou peu d'images de compétitions, support de paris, une des forces des opérateurs en Angleterre.» En revanche, le poker en ligne (8,7 milliards d'euros misés en 2011 contre 4,1 milliards il y a deux ans) a tenu ses promesses. Tout comme les paris hippiques sur le Web, dont les mises ont dépassé le milliard l'année dernière.
Si le tsunami promis aux opérateurs historiques n'a pas eu lieu, c'est que ces groupes se sont mis en ordre de bataille. Le PMU a lancé de nouvelles formules de paris hippiques comme le pack 5, où il faut donner dans le désordre les cinq premiers chevaux d'une course. Il a rénové son réseau de distribution, avec à la clé 1 000 ouvertures de points de vente et 500 fermetures. Et il a développé son offre sur Internet, y engrangeant près de 15% de son chiffre d'affaires (1,5 milliard). Résultat, il domine outrageusement le marché des paris hippiques sur le Web. Avec des procédés hérités de sa position de monopole et parfois contestés: par exemple, il empêche les autres opérateurs de faire de la publicité dans les hippodromes.
La Française des jeux n'a pas la même réussite sur Internet, où elle ne réalise que 3% de ses ventes. En revanche, le spécialiste des jeux de hasard a repositionné son offre. Le relifting de ses produits stars a porté ses fruits. Le Loto est redevenu le jeu numéro un en France avec des mises annuelles supérieures à 1,5 milliard. Devant l'Euromillion, lui aussi plébiscité par les clients.
De leur côté, les casinos ont redressé la tête grâce aux bons résultats de gros établissements ouverts récemment à Toulouse, Lille ou Blotzheim, près de la Suisse.
(source : lefigaro.fr/Jean-Yves Guerin)