Devant la baisse de leur chiffre d'affaires, Loto-Québec et ses casinos dépensent des sommes importantes pour attirer la clientèle étrangère, même si les résultats ne sont pas toujours concluants, a appris la journaliste de l'émission Enquête Nancy Wood.
Le Casino de Montréal, à l'instar de tous les casinos québécois, accuse une baisse d'achalandage de 13 % de moins qu'en 2006, sans savoir si elle découle des rénovations entreprises il y a trois ans, du contexte économique difficile ou de la concurrence de dizaines de nouveaux casinos situés à moins de huit heures de route.
Loto-Québec croyait contrer cette baisse en misant sur les gros joueurs, qui viennent notamment de l'étranger. « Il faut bien voir qu'un joueur qui va laisser 500 000 $ un soir dans un casino - et ça existe -, c'est l'équivalent de 5000 clients qui jouent 100 $ chacun. Alors ça, c'est une clientèle très précieuse et très courtisée par l'ensemble de l'industrie », explique le porte-parole de Loto-Québec, Jean-Pierre Roy.
Loto-Québec compte déjà 25 de ces très gros joueurs, surnommés des whales [baleines]. La société espérait doubler ce chiffre, ce qui lui aurait permis d'augmenter ses revenus tout en minimisant ses risques. Un plus gros bassin de joueurs permet que l'argent gagné par un individu soit compensé par les pertes d'un autre.
Pour attirer cette nouvelle clientèle, la société des casinos a ouvert, en mai dernier, un bureau à Macao, en Chine, considérée comme la mecque du jeu en Asie.
Rude concurrence
Le Québec a toutefois du mal à rivaliser avec des villes comme Las Vegas et Macao, où plusieurs sociétés exploitent des dizaines de casinos. Dans la province, les casinos sont situés dans des endroits plutôt isolés, les joueurs ont peu de choix et l'unique casino de Montréal ne se trouve pas à proximité d'un hôtel.
« Quand vous voulez aller jouer au casino de Montréal, il faut penser à son affaire. Il faut y aller en autobus, en automobile, etc. Ce n'est pas au coeur de la ville. Donc, c'est très difficile d'être compétitif », précise Renaud Legoux, professeur adjoint en marketing de l'industrie du jeu à l'université HEC Montréal.
Loto-Québec l'a compris après avoir investi 400 000 $ dans son opération séduction.
Cinq mois après son ouverture, le bureau de Macao a été fermé et Loto-Québec a renoncé à courtiser les très gros joueurs à l'étranger. « On se trouvait dans une concurrence extrêmement forte et à laquelle, bien honnêtement, on n'avait ni les moyens ni le goût de le faire », a ajouté M. Roy.
« Je ne sais pas si c'était une bonne idée d'y aller, mais c'est une bonne idée de s'en retirer », a commenté M. Legoux.
Dans une note interne obtenue par Radio-Canada, il est indiqué que le bureau de Macao a fermé ses portes en septembre dernier pour une période indéterminée. Rien n'indique pour le moment que la Société des casinos veuille répéter cette expérience qui s'est révélée peu rentable.
D'après le reportage de Nancy Wood, qui sera diffusé à l'émission Enquête du 23 février
(source : radio-canada.ca)