En ne bénéficiant plus de sa situation de monopole régional, l'établissement pourrait perdre sa clientèle de la capitale, et donc connaître une forte baisse de ses activités.
Le ciel s'assombrit de nouveau au-dessus du casino d'Enghien-les-Bains, la seule ville d'Ile-de-France jusque-là autorisée à avoir un casino du fait de son statut de ville thermale. Un monopole qui pourrait bien être remis en cause par un projet de loi du gouvernement pour autoriser à Paris l'ouverture de casinos uniquement de jeux de table (roulette, black-jack...), mais sans machines à sous.
Une révolution dans le petit monde des jeux. Un article de ce projet de loi donnerait la possibilité au gouvernement de permettre l'ouverture d'établissements de jeux plus facilement par ordonnance, sous forme de sociétés commerciales, comme l'indique un article du « Canard enchaîné ».
De quoi inquiéter le personnel du casino Barrière d'Enghien, devant le spectre d'une forte baisse d'activité. « La direction nous a indiqué lors d'une récente réunion qu'on pourrait perdre jusqu'à 50 % de l'activité des jeux de table. Ça représente 20 MEUR », rapporte Yasmina Ruellan, secrétaire du comité d'entreprise (CE) de l'établissement et déléguée CGT. Elle compte interroger à nouveau la direction sur le sujet, à l'occasion du CE prévu aujourd'hui. Interrogée, la direction n'a pas souhaité confirmer ces informations ni faire de commentaire.
La salle de jeux de table d'Enghien, où 180 croupiers, chefs table et caissiers s'activent autour de 40 tables de roulette, Punto Banco, black jack et poker Texas Holdem, subirait de plein fouet cette concurrence. « On risque de perdre une bonne partie du chiffre d'affaires annuel des jeux de tables, craint une croupière. Et la clientèle parisienne ne viendra plus. » Un avenir inquiétant pour une profession qui réalise 80 % de sa rémunération en pourboires.
Certains vont plus loin et prédisent une nouvelle dégradation des conditions de travail dans un casino où sont régulièrement évoqués les problèmes de sécurité. « Ça deviendra une grande surface du jeu automatique avec des bandits manchots et des roulettes électroniques », craint la représentante du personnel.
Il existe déjà 52 postes de roulette électronique à lanceur automatique — sans croupier — et cette activité se développe à Enghien. « On risque de ne plus garder que quelques tables de roulette anglaise », ajoute une croupière. La secrétaire du CE compte demander un rendez-vous aux ministères du Travail et de l'Intérieur.
Déjà, il y a un an, la ville et les salariés s'étaient fortement mobilisés contre le projet du gouvernement d'autoriser l'ouverture de casinos dans la capitale pour lutter contre les cercles de jeux clandestins. Il avait finalement renoncé en juin 2015 après avoir reçu les conclusions de la mission de réflexion « pour une nouvelle offre légale de jeux à Paris ». Préférant finalement plancher sur la création de « clubs de jeu » à l'anglaise. C'est-à-dire très encadrés et réservés à un public plutôt select.
(source : leparisien.fr/Daniel Pestel)