Avec un été «médiocre» et un hiver «très difficile» en vue, la crise sanitaire contrecarre les efforts de redressement de la Société des bains de mer (SBM), gestionnaire des principaux hôtels et casinos de Monaco qui a annoncé vendredi étudier des mesures d'économie. «On est en train de réfléchir, on est obligé de le faire et je ne peux pas vous garantir qu'il n'y aura pas de mesures d'économie (...) dans les semaines et les mois qui viennent», a annoncé le directeur général de la SBM Jean-Claude Biamonti, après l'assemblée générale.
Premier employeur privé en Principauté, la SBM emploie près de 4.000 salariés, dont plus des trois quarts sont des frontaliers français, et dans une moindre mesure, italiens. Pilier économique historique de Monaco, l'entreprise, dont le géant du luxe français LVMH est actionnaire à 5%, «était sur le chemin du redressement, on y était presque», a rappelé M. Biamonti. La SBM, encore dans le rouge en 2018, a bouclé l'exercice 2019-2020, clos en mars, sur un résultat net consolidé de 26,1 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires en hausse de 18% à 619,8 millions d'euros. «Depuis, on souffre énormément», a ajouté M. Biamonti. Outre les investissements quasi tous stoppés, l'activité a été à l'arrêt plus de deux mois en raison du confinement.
Les nombreux extras et saisonniers auxquels l'entreprise fait appel chaque été ont déjà fait les frais du manque d'activité, la SBM redéployant le plus possible son propre personnel pour éviter de recourir au chômage partiel, coûteux pour l'État monégasque. Le retour d'une clientèle de proximité et l'essor de l'activité locative, notamment dans le nouveau complexe de luxe One Monte Carlo dont la plupart des appartements et bureaux aux tarifs prohibitifs ont trouvé preneurs, ne suffit pas. «Le +business model+ de la société, c'est le brassage de toutes les populations. Or, la plupart des gens ne peuvent pas venir. On n'a pas d'Américains, de Russes, de Moyen-orientaux (...) Il ne nous reste plus beaucoup de congrès, et ceux qui restent sont à voilure réduite», constate M. Biamonti.
Le secteur des jeux a le plus souffert durant l'été avec une baisse de 63% du chiffre d'affaires, surtout aux jeux de table privés de la clientèle internationale, malgré un strict protocole sanitaire strict. Le casino historique de Monte-Carlo et celui du Café de Paris ne sont pas menacés mais le Sun Casino, établissement d'appoint inspiré de Las Vegas, «ne rouvrira pas» et le Monte-Carlo Bay Casino «probablement pas», selon M. Biamonti. Le chiffre d'affaires estival du secteur hôtelier s'est contracté de 44% par rapport à l'été 2019. M. Biamonti a néanmoins coupé court à des rumeurs de fermeture ou de transformation de l'hôtel Hermitage en résidence hôtelière: «C'est un hôtel, il le restera».
(source : lefigaro.fr/AFP)