La Ville de Soulac prépare une nouvelle procédure pour relancer le casino municipal d’ici l’été 2026. L’exploitant sortant annonce la liquidation de sa société, tandis que les salariés se retrouvent dans l’incertitude
Deux mois après la fermeture de la salle de jeux, la Ville de Soulac tourne officiellement la page de l’ère Roland Léas. L’ancien exploitant du Casino de la plage, en poste depuis 2005 et évincé après le non-renouvellement de son autorisation d’exploiter les jeux, ne reviendra pas. Soulac s’apprête à relancer une procédure de délégation de service public (DSP), avec l’objectif de désigner un nouveau délégataire d’ici l’été 2026.
Fin juillet, en pleine saison touristique, le ministère de l’Intérieur avait notifié le non-renouvellement de l’agrément. La décision faisait suite à l’avis de la Commission nationale des jeux, qui avait relevé des manquements jugés graves et répétés, notamment sur les dispositifs de lutte contre le blanchiment, la formation du personnel et la prévention de l’addiction. Une autorisation provisoire de six mois avait pourtant été accordée début 2025 pour permettre à l’exploitant de se mettre en conformité. Sans succès.
Roland Léas conteste toujours cette décision. « On a tout fait pour me mettre à genoux », déplore-t-il. Il affirme avoir engagé des améliorations et restructuré ses équipes après avoir été alerté par la police des jeux. « J’ai fait ce qu’on m’a demandé, mais ça n’a pas suffi. » Selon lui, les résultats financiers s’étaient redressés. « J’étais à + 18 % de progression quand ils ont décidé de fermer en pleine saison ! » Depuis l’été, l’ancien patron a tenté de trouver une issue. « J’avais deux candidats sérieux prêts à reprendre, sans que cela me rapporte quoi que ce soit », affirme-t-il. Mais la mairie a fermé la porte. Le maire, Xavier Pintat, se montre catégorique : la commune ne souhaite pas poursuivre avec Roland Léas. « Les services de l’État ont été très clairs, ils ne valideraient pas facilement une nouvelle autorisation au profit du même délégataire, même sous une autre forme », indique-t-il. La Ville entend désormais tourner la page.
La question du personnel
La délégation de service public a été rompue automatiquement début août, entraînant la perte du droit d’exploiter les jeux. La boîte de nuit et le restaurant ont obtenu de rester ouverts temporairement jusqu’au 31 octobre via un contrat précaire. Pour la municipalité, l’heure est désormais à la reconstruction. Propriétaire des murs et détentrice du droit d’ouvrir un casino, la commune prépare un appel d’offres en lien avec un cabinet juridique. Le nouveau cahier des charges est à l’étude. Le futur contrat pourrait intégrer des clauses de reprise du personnel. « Je suis très attentif à leur sort, confie le maire. Il y a des gens de qualité dans cette équipe. »
Roland Léas, de son côté, annonce que la SAS Casino de la plage sera placée en liquidation judiciaire courant octobre. « Treize employés vont tout perdre. Emploi, ancienneté, stabilité. C’est dramatique », alerte-t-il. Blessé, il estime avoir été victime d’un traitement injuste. « Je quitte Soulac la mort dans l’âme. » Pour la Ville, ce départ marque aussi la fin d’un cycle économique. Le casino rapportait encore environ 100 000 euros l’an dernier à la commune via la taxe sur le produit brut des jeux, contre près de 500 000 euros par an dans les meilleures années, selon Xavier Pintat. « Il faut repartir sur de bonnes bases, avec un projet fiable et des machines neuves », insiste le maire.
(source : sudouest.fr/Julien Lestage)