Premier de France en chiffre d'affaires, le casino d'Enghien-les-Bains (Val-d'Oise) accuse une perte d'activité de - 39 %. Le groupe Barrière prévoit des licenciements.
La crise sanitaire serait-elle un argument pour le groupe Barrière, qui a annoncé un plan de sauvegarde de l’emploi ? C’est en tout cas l’un des sentiments des représentants du personnel du casinotier.
Les syndicats s’accordent à penser que la situation que traverse l’enseigne serait « une aubaine » pour procéder à des licenciements.
Le casino d’Enghien-les-Bains (Val-d’Oise), premier établissement de jeux de France, qui représente 20 % du chiffre d’affaires d’exploitation du groupe, serait concerné par le Pse.
Barrière serait également le seul des casinotiers de France à envisager des licenciements. Un étonnement pour les syndicats (lire ci-dessous), alors que le site de la cité thermale maintiendrait un résultat net, malgré les fermetures en raison des confinements.
« Le groupe Barrière est le plus atypique du paysage des casinotiers. Ce n'est pas seulement des salles de jeux, c'est aussi des hôtels et des restaurants et des salles de spectacles. Toutes ces activités sont à l'arrêt »
Patricia Legros
directrice du casino d'Enghien
Carte sur table
C’est sur le jeu de table que reposerait l’avenir du casino, qui sera présenté lors d’un plan de sauvegarde de l’emploi, prévu en janvier.
Les syndicats soutiennent que le groupe profiterait de la situation actuelle pour engager son développement d’automatisation électronique du jeu de table, qui viendrait, notamment, menacer des emplois de croupiers.
« Je ne sais pas pourquoi les représentants du personnel avancent une telle supposition. Elle n’est fondée sur rien. Le jeu de table reste une valeur du groupe. Chez Barrière, la seule activité du jeu de table représente 50 % de l’ensemble de l’activité du jeu de table en France », rétorque Patricia Legros qui ne dévoile, cependant, rien des orientations à venir du casino, avant la restructuration qui sera présentée au personnel.
« Face à une telle situation, nous sommes obligés de nous remettre en question », défend, cependant, la directrice du casino.
« Une baisse mais pas une perte », selon les syndicats
« Même avec un résultat net de 2 millions d’euros contre 12 millions en 2019, Barrière Enghien reste dans le positif. Nous ne comprenons pas comment une entreprise qui maintient du résultat net, en restant fermé de mars à juin, peut-elle engager un plan de licenciement ? », interroge Michaël Da Costa, délégué syndicat Cgt du groupe Barrière Enghien.
« Certes, nous avons perdu de l’activité en raison du confinement, mais le groupe conserve 80 % de son chiffre d’affaires », ajoute Philippe Mangin, délégué syndical Fo. « Les 20 % de perte se récupéreront aisément sur les dix-huit ans de délégation de service public à Enghien », argumente le représentant du personnel.
La baisse d’activité du groupe, en raison des confinements, cacherait « une volonté du groupe à accélérer son programme d’automatisation des jeux de tables électroniques », affirme Michaël Da Costa, qui craint pour cette activité au casino d’Enghien.
Menace sur les croupiers
« À elle seule, la salle des jeux de table d’Enghien représente le produit brut des jeux du deuxième casino de France », assure Philippe Mangin, qui a constaté une baisse du produit des jeux de table traditionnels vers ceux électroniques pendant la période de réouverture entre les deux confinements. « Les tables de jeux traditionnels étaient fermées au profit des jeux de table électroniques. C’est la volonté du groupe de réduire les jeux de table aux seuls gros parieurs », pense Michaël Da Costa. Les jeux de tables traditionnels seraient ainsi réservés aux gros joueurs de la prestigieuse salle des Princes du casino d’Enghien. Les croupiers, chefs de table et de partie, craignent d’être les premiers concernés par le plan de licenciement annoncé.
« Enghien reste la poule aux œufs d’or du groupe et pourtant, c’est ici que l’on parle de plan social. Seul le groupe Barrière annonce des licenciements. Les autres casinotiers ne l’évoquent pas. On sait qu’à la réouverture, le casino regagnera du profit. Il n’y a pas de raison de procéder à des licenciements, sinon pour dégager plus de bénéfices », s’insurge le représentant de la Cgt, qui annonce un mouvement social en janvier.
(source : actu.fr/Fabrice Cahen)