Non renouvellement de l’autorisation, manquements constatés, avenir des employés… Où en est vraiment le dossier du casino de Soulac, une semaine après la fermeture ?
Banqueroute administrative. Depuis le 31 juillet, les rideaux sont tirés sur le casino de Soulac-sur-Mer. Face à l’océan Atlantique, la salle de jeux reste vide, en plein cœur de la saison estivale. Une décision du ministère de l’Intérieur a mis fin à l’exploitation de l’établissement, après le non-renouvellement de l’autorisation délivrée par l’État. Une semaine après la fermeture, la station balnéaire encaisse encore le choc.
Car les griefs pointés par l’administration sont lourds : manquements aux dispositifs de lutte contre le blanchiment d’argent, insuffisance de formation du personnel, lacunes dans la prévention de l’addiction. Et malgré un sursis de six mois, accordé en début d’année à l’issue de l’ancien permis - et pour corriger le tir - les mesures prises n’ont pas convaincu. L’avis rendu par la Commission nationale des jeux après audition a été défavorable.
Une semaine plus tard, Roland Léas, délégataire et exploitant du site parle d’« acharnement ». « Il y a eu des manquements, je ne le nie pas, mais nous avons travaillé pendant des mois pour les corriger », insiste-t-il, expliquant ne pas comprendre la sanction. Le gérant évoque la restructuration des équipes, des formations engagées, et le renouvellement de machines obsolètes. « On a puni une équipe. C’est injuste. » Roland Léas déplore également une sanction tombée en pleine saison estivale : « Août, c’est le mois le plus important pour nous. »
Pourtant, le sous-préfet du Médoc, Fabien Tuleu, réaffirme cette semaine encore que l’exploitant avait été formellement alerté. « La procédure a été scrupuleusement respectée », rappelle-t-il. « Le délégataire connaissait les risques encourus. »
Les salariés dans l’incertitude
D’après nos informations, une réunion s’est tenue ce mercredi 6 août avec les salariés du casino. Mais depuis, peu d’informations filtrent sur l’avenir du personnel, soit une dizaine de personnes concernées. L’exploitant assure qu’ils sont encore rémunérés, mais ne précise pas pour combien de temps. Et sur la question des indemnités de départ, le légataire trouve la touche : « Il est trop tôt pour en parler. Des entretiens ont commencé, nous essayons de trouver des solutions au cas par cas », indique-t-il, sans plus de détails. À plusieurs reprises, « Sud Ouest » a tenté de se rapprocher de plusieurs employés, afin de prendre connaissance de leur situation. Pour l’instant, aucun n’a souhaité s’exprimer, préférant la prudence durant le temps des négociations.
Des conséquences lourdes
Pas question « de polémiquer » pour le maire Xavier Pintat, mais l’édile souligne tout de même les conséquences économiques pour la commune. « La Ville perçoit un loyer, mais aussi un pourcentage sur les jeux, fixé à 7 % », rappelle l’élu. « En plein mois d’août, il y aura forcément un manque à gagner », regrette Xavier Pintat.
Et sur l’avenir de la concession ? L’arrivée d’un autre délégataire ? « Nous avons un contrat en cours. Nous n’allons pas nous précipiter, mais nous n’allons pas non plus nous entêter. Toutes les candidatures pourront être étudiées. »
Le week-end du 2 août, un second coup dur est venu noircir le tableau. La discothèque attenante, Le Zinc, également gérée par M. Léas, a été contrainte de fermer à la suite d’un arrêté préfectoral pour « trouble à l’ordre public ». Deux salariés ont depuis été licenciés par l’exploitant, qui pointe un « manque de professionnalisme », sans préciser la situation.
Un recours gracieux a été déposé le 5 août auprès du ministère de l’Intérieur. En attendant, le casino reste fermé, et Soulac doit composer, en plein été, sans l’une de ses vitrines touristiques et économiques.
Que dit la réglementation ?
La fermeture du casino de Soulac repose sur trois manquements : défaillance dans les dispositifs de lutte contre le blanchiment d’argent, formation du personnel, et lacunes dans la prévention de l’addiction au jeu. Des griefs qui rappellent combien l’activité des casinos est strictement encadrée.
Pour mieux comprendre les exigences du secteur, « Sud Ouest » a sollicité Jérémy Stanko, directeur du casino de Lacanau. Sans commenter la situation de Soulac, il détaille le processus : « Lorsqu’une mairie autorisée - en station balnéaire ou thermale - lance un appel d’offres, tout le monde peut candidater. Le dossier passe ensuite par le ministère de l’Intérieur. S’il est validé, une autorisation temporaire, de cinq ans maximum, est accordée. »
La préfecture, la Commission supérieure des jeux ou encore la police des jeux (SCCJ), plusieurs organismes peuvent auditionner l’exploitant. « Tout est vérifié : la réglementation doit être respectée à la lettre, notamment sur les formations. Le personnel doit pouvoir repérer des comportements à risque, qu’il s’agisse d’addiction ou de blanchiment. » Outre les grands audits, les établissements sont soumis à des contrôles fréquents, parfois hebdomadaires.
(source : sudouest.fr)