Faites vos jeux... Rien ne va plus ! Depuis le début de l'année, l'action du groupe Partouche a perdu 22,53%. La faute aux contrôles à l'entrée des casinos, et à la mode du jeu en ligne. Une tendance dont le groupe doit pourtant se priver, puisqu'elle est officiellement interdite en France. Mais Bruxelles pourrait bien modifier cette règle du jeu, et Partouche toucher le gros lot.
Premier casinotier européen avec 64 établissements, le Groupe Partouche fait grise mine. Alors même qu'on décrit les Français comme plus joueurs que jamais, friands de grattage, de PMU, Loto, et autres Rapido, ils délaissent les machines à sous, préférant assouvir leur passion en ligne. Le phénomène est connu, mais cette baisse de la fréquentation des bandits manchots nourrit la morosité des 193 casinos français. Le Groupe Partouche n'y fait pas exception. Au début de l'été, le numéro 2 du secteur en France, derrière Barrière-Accor, a ainsi annoncé un résultat opérationnel de 33,1 millions d'euros, en recul de 40%, et un chiffre d'affaires de 248,6 millions d'euros (-3,4%).
Pour son président, Patrick Partouche, le coupable est tout trouvé: "Le contrôle aux entrées des casinos, mis en place depuis le 1er novembre 2006, nous a fait beaucoup de mal", fustige-t-il. Ses machines à sous ont généré un produit brut des jeux de 375,4 millions d'euros, contre plus de 400 millions l'an passé. Et l'interdiction de fumer dans les casinos à partir du 1er janvier 2008 s'annonce comme le prochain dommage collatéral. Pour générer de nouveaux flux de revenus, Partouche a décidé de mixer jeux traditionnels et bandits manchots dans les mêmes salles et d'introduire du poker en test sur deux sites. Cela a fait grimper le revenu de ses jeux traditionnels de 18%. Sont aussi au programme la rénovation de son parc de machines à sous et le développement des accepteurs de billets.
"Vendeur de rêve et d'adrénaline"
Mais le secteur mise surtout sur une libéralisation du jeu en ligne en France. Convaincu que c'est de la Toile que viendra le salut de son métier, Patrick Partouche a engagé depuis plusieurs années un bras de fer avec l'Etat, allant jusqu'à anticiper une hypothétique nouvelle législation. Il l'a payé cash. En février dernier, il était condamné à 40 000 euros d'amende et douze mois de prison avec sursis, pour avoir octroyé une licence d'exploitation à une société de jeux en ligne au Belize, un paradis fiscal. "On nous dit qu'on ne peut pas légaliser le jeu en ligne à cause des risques accrus de blanchiment, d'addiction, etc. Et moi je dis: laissez-nous démontrer qu'il est possible de faire proprement un métier qui, sans contrôle, peut devenir sale", martèle celui qui se définit comme un "vendeur de rêve et d'adrénaline".
Sous la pression de Bruxelles, une issue positive pour les casinotiers se profile. La France n'est pas loin d'une condamnation, qui ouvrirait mécaniquement les vannes du jeu sur le Web. De quoi enfin booster Partouche en Bourse. Vendredi, l'action a encore perdu 1,8%, à 14,72 euros. Et, depuis le début de l'année, sa valorisation est en baisse de 24,21%. A défaut, la famille Partouche, qui détient deux tiers du capital du groupe, pourrait se résoudre à vendre. Gourmande, elle a déjà rejeté deux offres de rachat ferme ces dernières années. Celles du promoteur immobilier bordelais Michel Ohayon l'an passé et des fonds d'investissement Permira et Cinven en 2004.
(source : lejdd.fr/Jonathan BOUCHET-PETERSEN)