Loin de nuire aux casinos, l'industrie en croissance des jeux de hasard sur Internet les alimente en initiant à leurs attraits des gens qui ne les auraient pas visités autrement.
C'est du moins ce que soutient la présidente de River City Group, association américaine de jeu en ligne à l'origine d'un colloque international du secteur qui se tient cette semaine, au Palais des congrès de Montréal.
Selon Sue Schneider, le cas du poker illustre bien la complémentarité du jeu «de terrain» et du jeu virtuel. «Le poker est en un sens une exception, parce qu'il est déjà devenu plus populaire en ligne que sur le terrain, rapporte-t-elle. Mais il a fait croître les activités sur le terrain.»
De manière générale, indique Mme Schneider, les activités sur Internet ne comptent encore que pour environ 5% de l'ensemble de l'industrie internationale des jeux de hasard.
Mais elles amèneraient de nouveaux clients dans les commerces en leur permettant de se familiariser en douceur avec le jeu. «Ça peut être intimidant de se rendre dans un gros casino de Las Vegas sans être initié», explique la présidente de River City. Les études en bonne et due forme manquent encore pour étayer cette observation d'une aide d'Internet à l'ensemble de l'industrie.
Le jeu en ligne, qui a fait son apparition il y a une dizaine d'années, semble entré dans une phase de croissance et générera cette année des revenus de 7 à 8G$ US dans le monde, rappporte Mme Schneider. Il reproduit en grande partie son pendant traditionnel, en regroupant notamment loteries, courses de chevaux, bingo et poker. Mais il a aussi donné naissance à une industrie d'échange de paris sur les événements les plus divers, allant de la sphère politique à la performance de titres boursiers.
Le jeu sur Internet a aussi la particularité d'être beaucoup plus «transfrontalier» que le reste de l'industrie, ce qui pose le problème de son contrôle. En Europe, la volonté de certains pays de se donner des frontières électroniques entraîne des batailles légales. «Mais c'est encore très difficile de contrôler quoi que ce soit, dit Mme Schneider. Ça ne fait que commencer, il n'y a encore rien de cohérent.»
Aux États-Unis, certaines compagnies ont des partenariats avec des firmes technologiques externes pour vérifier l'identité des joueurs et s'assurer qu'ils ne sont pas mineurs. La formule a toutefois ses limites. Un représentant de l'une de ces sociétés, la floridienne Verid, admet ainsi qu'il est impossible à sa compagnie d'identifier un joueur de l'extérieur des États-Unis. «Dans ces cas-là, c'est aux casinos d'accepter la personne ou de la refuser, explique M. Klauss. La décision varie selon les entreprises.»
Plusieurs compagnies de jeux de hasard en ligne sont en fait des exploitants de casinos ou hippodromes qui ont développé une version Internet de leurs activités, mais des entreprises uniquement virtuelles voient aussi le jour.
River City dit compter environ 13 500 participants au congrès annuel de cette semaine. Celui de l'an dernier, qui se tenait à Toronto, en avait accueilli environ 9500.
(source : lapresseaffaires.com/Sophie Brouillet)